MMA - Doumbè, Ngannou, McGregor… les combattants “hybrides” sont-ils le futur ? - Eurosport (2024)

Anonyme aux yeux du grand public, il y a encore trois ans, après avoir écrit l’histoire du sport français en réalisant des prouesses en kickboxing, Cédric Doumbè est désormais une star des sports de combat en France. Sa dernière sortie contre Baysangur Chamsoudinov a rempli Bercy à une vitesse jalousée par bien des artistes internationaux avant qu’une écharde (ou Doumbè lui-même ?) ne gâche tout.

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Si la prochaine apparition en cage du Franco-camerounais contre Jaleel Willis occupe moins l’espace public, la faute à un storytelling moins poussé et un adversaire inconnu au bataillon dans l’Hexagone, les signes sont présents. En conférence de presse, lorsque “The Best” se présente aux côtés de Willis, les questions, en anglais comme en français, lui sont adressées quasi exclusivement. Lui, à qui le Bellator s’est empressé de trouver un adversaire, puis un deuxième lorsque le premier s’est blessé en moto à un mois du combat, pour booster à tout prix la vente de ses billets à l’Accor Arena et relancer une série de victoires pour sa poule aux œufs d’or.

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Performer dans une discipline, c’est très compliqué. Alors performer dans deux....

Mais qu’ont de commun ces combattants dont tout le monde a entendu parler, de manière transversale ? Non pas des hommes comme Jon Jones ou des femmes comme Ronda Rousey, dont tous les amateurs de castagne connaissent le parcours dans le MMA. Mais plutôt ces athlètes qui, comme Francis Ngannou, Conor McGregor ou, dans une moindre mesure, Cédric Doumbè, ont transgressé cette barrière qui sépare l’aura de violence de leur pratique et la majorité de la population qui y reste relativement hermétique ? Ils brillent, ou ont brillé, dans plusieurs sports.

Performer dans une discipline, c’est très compliqué. Alors performer dans deux, c’est de l’ordre… je ne dirais pas de l’impossible, mais du très, très compliqué”. Stéphane Chaufourier, surnommé Atch, sait de quoi il parle. Il a mis au monde sportivement Salahdine Parnasse, dont il manage la carrière désormais, au sein de sa bien nommée Atch Academy à Aubervilliers.

Son petit protégé ne l’a jamais caché, bien qu’il soit champion de deux catégories de poids au KSW, une organisation majeure de MMA basée en Pologne, son amour le plus passionnel reste peut-être la boxe. Sur les réseaux sociaux fleurissent régulièrement des vidéos de sparring durant lesquelles il tient la dragée haute à Bakary Samaké. Il a même avoué, en marge du dernier combat de son contrat au KSW, espérer “faire un combat en boxe anglaise”, estimant “avoir un talent et tenir avec les meilleurs en France”.

Le défi sportif est d’autant plus grand que ces champions ne se muent pas en transfuges pour repartir au bas de l’échelle. À l’image de Francis Ngannou qui a délaissé temporairement le MMA pour affronter le meilleur poids lourd mondial actuel en la personne de Tyson Fury, avant de revenir brutalement sur terre, au sens propre et figuré, face à Anthony Joshua.

Le saut dans l’inconnu...

Si aujourd’hui, je tente l’aventure avec Salahdine, c’est qu’il performe dans sa discipline, explique Atch. Sinon, je ne m’amuserais pas à être à un niveau régional dans une discipline et tenter un niveau régional dans une autre. Il n’y a aucun intérêt à ça. L’objectif, c'est montrer au monde entier que l’athlète est capable”. Ici réside d’ailleurs l’un des éléments explicatifs concernant l’intérêt exponentiel du public pour ces combattants hybrides. C’est le saut dans l’inconnu. Un mélange d’admiration pour le courage d’athlètes qui ont tutoyé ou atteint les sommets de leur art (martial ou non) avant de tout risquer ailleurs.

Qui, en France, s’était déjà intéressé à la présaison des Central Coast Mariners en D1 australienne avant qu’Usain Bolt ne s’y essaye, ou de l’actualité du Pays d'Aix Université Club Handball avant que Florent Manaudou n’y tente sa chance en 2018. “On a envie de voir le champion d’une discipline et ce qu’il est capable de faire ailleurs. Salahdine, il performe en MMA, c’est déjà énorme, s’il arrive à exceller en boxe, ce serait juste incroyable”, image Atch.

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Cedric Doumbè et Baissangur 'Baki' Chamsoudinov durant leur combat au PFL Paris 2

Crédit: Eurosport

C’est aussi du business

Quelques contre-exemples existent tout de même. Quid de Cédric Doumbè qui n’a pas disputé de ceinture mondiale à l’UFC pour son arrivée dans le MMA ? C’est aujourd’hui un secret de polichinelle : Doumbè est passé au MMA car, à 30 bougies soufflées et à quelques encablures de la fin de sa carrière sportive, il y voyait un potentiel marketing. Entre goût pour le chambrage et talent pour la mise en scène, son personnage incarne parfaitement ce dont ce sport, encore jeune et très américain, demeure friand.

En revanche, l’essentiel du “buzz” repose sur la popularité du champion au moment de son changement de discipline. Le Franco-Camerounais a été sacré sept fois champion au Glory, alors de loin la crème de la crème du sport pieds/poings. Mais médiatiquement, la discipline reste quelque peu obscure. Alors forcément, il a fallu d’abord se construire un nom et se bâtir une image avant d’obtenir la possibilité de remplir Bercy. Mais la finalité reste la même, seuls les objectifs et les chemins divergent.

“Il y a des gens qui ne se sont pas forcément faits beaucoup d’argent dans leur première carrière, explique Atch. Je prends le cas de Doumbé par exemple. Il s’est fait des primes correctes au Glory, mais il gagne beaucoup plus en MMA. S’il n'avait pas de facultés, je te dirais que c'est du n'importe quoi. Sauf qu'il les a. Ce serait bête de sa part de ne pas démarrer une carrière MMA puisque la carrière de kickboxeur se termine”. Au final, des millions de personnes en France ont entendu parler de l’intéressé début mars dernier, sans rien connaître ou presque au MMA.

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Benoit Saint Denis, le combattant français de l'UFC

Crédit: Getty Images

Des opportunités à saisir

Dans ces sports où le show compte pour mettre du beurre dans les épinards, ou parfois pour acheter les épinards tout court, les changements de sport deviennent aussi des opportunités de business. Benoît Saint-Denis, par exemple, après avoir été sèchement défait sur K-O par Dustin Poirier DATE, ne pouvait pas retrouver l’octogone de si tôt, avant tout pour des raisons. Reste que l’homme a faim de combat et surfe actuellement sur une vague de popularité en France qu’il serait dommage de laisser retomber. Résultat, BSD a rendez-vous le 18 mai à Paris pour un combat de grappling, un sport sans coup férir où les techniques de soumission (étranglement, clé, torsion…) et de lutte tracent un chemin vers la victoire.

ADXC, la ligue qui organise le combat, ne s’y est pas trompé. En convoquant “BSD” et son adversaire, Marc Diakiese, un autre combattant de l’UFC, elle s’est assurée un peu de lumière et une salle comble pour sa soirée. Deux pratiquants du sport de combat ultime qui s’affrontent dans une discipline qu’ils sont censés maîtriser, le tout alors que l’un des deux vient de disputer un combat au sommet à Las Vegas.

D’ailleurs, dans une vidéo YouTube publiée sur la chaîne de Benoît Saint-Denis, on entend son coach de grappling Christophe Savoca lui expliquer que les négociations sont en cours du côté de l’ADXC afin de lui trouver un adversaire également combattant de MMA. “Pour mettre un peu de hype, ils essayent de vendre leur truc, tu vois”, détaille l’entraîneur. Pas de ceinture mondiale en jeu, pas d’entrée son et lumière comme à l’UFC, mais la curiosité du public piquée assez fort pour remplir le dojo de Paris avec une discipline méconnue. "Toutes les disciplines ont besoin de lumière, conclut Atch. Le grappling en France, c'est encore très léger, des stars du MMA qui y mettent la lumière, c'est bénéfique”. Reste à savoir si ces athlètes hybrides sont, comme le MMA, un effet de mode ou ont vocation à se démocratiser parmi les profils de combattants.

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